5ème édition de la Conférence mondiale du cacao – Déclaration de Bruxelles 24/04/2024

Contexte

  1. Cette déclaration, sans être juridiquement contraignante, formule les aspirations de toutes les parties prenantes ayant participé à la WCC5, à soutenir les efforts visant à atteindre un secteur cacaoyer mondial plus durable.
  2. Toutes les parties prenantes devraient saisir l’opportunité présentée par la situation actuelle des prix internationaux pour travailler ensemble et adopter l’objectif clair que les agriculteurs de cacao atteignent un revenu vital.
  3. Cette déclaration fait suite aux déclarations des tables rondes pour une économie cacaoyère durable (Accra 2007, Trinité-et- Tobago 2009) et des quatre conférences mondiales sur le cacao précédentes (Abidjan 2012, Amsterdam 2014, Bavaro 2016 et Berlin 2018) et faire bilan des progrès et des défis des parties prenantes en vue de la promotion d’une économie cacaoyère mondiale durable.
  4. Ces déclarations englobent tous les aspects de l’économie cacaoyère et auraient dû orienter le secteur dans la bonne direction Cependant, le revenu des cacaoculteurs ne leur permet toujours pas de vivre décemment et d’investir dans leurs exploitations ; le cacao reste associé à la déforestation, et le travail des enfants demeure un problème persistant dans le secteur du cacao.
  5. Lors de la Conférence mondiale sur le cacao de 2018, les parties prenantes avaient déjà reconnu que la durabilité du secteur cacaoyer ne peut être atteinte sans assurer un revenu vital, reconnu comme droit humain.
  6. Il est d’une importance primordiale d’aller au-delà des déclarations, des promesses et des engagements, de trouver des solutions pratiques et d’obtenir des résultats concrets afin de relever efficacement les défis de la pauvreté des cacaoculteurs, de la déforestation, et du travail des enfants.
  7. Toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur du cacao devraient encourager un esprit de collaboration et de coopération afin de soutenir la réalisation des objectifs de l’Agenda global du cacao.

Développement durable

  1. Les faibles prix bord champ, et les fluctuations de prix mondiaux, ont un impact négatif important sur les revenus et les moyens d’existence des cacaoculteurs et constituent donc une menace sérieuse pour la durabilité. De plus, peu d’informations précises sont disponibles pour les cacaoculteurs. Les pays producteurs, les acheteurs, et acteurs industriels, devraient promouvoir la transparence concernant les prix payés aux cacaoculteurs
  2. Le secteur privé devrait assurer la mise en place de pratiques d’achat qui tiennent compte des coûts environnementaux et sociaux de la production de cacao durable. Le prix payé aux cacaoculteurs devrait leur permettre d’avoir une vie décente, de produire du cacao exempt de déforestation, de traiter la question du travail des enfants et leur exploitation. Ceci doit être réalisé tout en tenant compte des principes reconnus et des normes internationales du travail applicables, et en reflétant le « vrai coût » de la production de cacao durable. Parallèlement, les gouvernements des pays producteurs et consommateurs devraient améliorer la transparence et la gouvernance au sein du secteur.
  3. Afin d’assurer la transparence et la responsabilité tout au long de la chaîne de valeur du cacao, les acteurs du secteur privé devraient mener des vérifications indépendantes de leurs allégations en matière de durabilité.
  4. Les gouvernements des pays producteurs devraient s’assurer que des programmes de renforcement des capacités en matière de bonnes pratiques agricoles et post-récolte sont mis en œuvre pour soutenir les cacaoculteurs et promouvoir la production durable de cacao.
  5. Les gouvernements des pays producteurs devraient créer les conditions permettant aux cacaoculteurs et les organisations de cacaoculteurs d’avoir accès aux financements, y compris à la microfinance, en tant que contribution essentielle à la mise en place d’un écosystème favorable au développement de leurs petites entreprises.
  6. Les gouvernements des pays producteurs devraient fournir aux cacaoculteurs et aux membres de leur famille des services de protection sociale appropriés pour leur garantir un niveau de vie acceptable.
  7. Les pays consommateurs devraient renforcer la durabilité du secteur cacaoyer en soutenant des initiatives de renforcement des capacités, en facilitant l’inclusion financière à travers des mécanismes tels que la microfinance, et en assurant la fourniture de services de protection sociale pour les cacaoculteurs et leurs familles. Cette collaboration avec les pays producteurs est essentielle pour amplifier l’efficacité des mesures évoquées dans les points 11, 12 et 13 ci-dessus, contribuant ainsi à la création d’une industrie du cacao plus durable et équitable pour toutes les parties prenantes. Les pays consommateurs devraient également promouvoir des pratiques de consommation durable pour stimuler davantage la demande de cacao produit de manière responsable.
  8. Toutes les parties prenantes devraient encourager le reboisement, le boisement et l’agroforesterie pour augmenter les réserves de carbone forestier et l’absorption de CO2, renforçant ainsi la réponse mondiale au changement climatique. Cette approche permet aux cacaoculteurs de fournir des services écosystémiques pour lesquels ils perçoivent une rétribution, y compris des crédits carbones équivalents.
  9. Toutes les parties prenantes devraient reconnaître le rôle crucial que les femmes ont toujours joué dans le processus de production et de commercialisation du cacao et de faciliter l’obtention des compétences requises pour leur inclusion dans une chaîne de valeur durable, accroissant ainsi l’égalité des êtres humains. L’égalité des femmes doit être promue, à la fois comme une question de droits humains et comme un moyen efficace de relever les divers défis auxquels le secteur est confronté.
  10. Les gouvernements des pays producteurs doivent s’atteler à renforcer l’attrait du secteur cacaoyer pour favoriser un renouvellement générationnel et attirer des talents qualifiés, garantissant de ce fait le rajeunissement et la modernisation indispensables à l’avenir du secteur.
  11. Les pays producteurs ont souligné l’importance de la culture durable du cacao pour la création d’emplois et d’entrepreneuriat économiquement viable, et comme élément stratégique central pour les politiques de substitution des cultures illicites.

Développement du marché

  1. Les pays consommateurs devraient faciliter l’accès à leurs marchés et fournir un appui, incluant l’assistance financière et le renforcement des capacités, aux pays producteurs de cacao afin d’assurer le respect des règles en matière de sûreté alimentaire, d’environnement et de droits humains.
  2. Les gouvernements et les acteurs du secteur privé sont encouragés à s’efforcer de répondre à l’évolution de la demande de produits de cacao via l’amélioration de l’image de marque, la promotion des pratiques durables et éthiques. Cette promotion devra souligner les aspects liés à la qualité et à la saveur, mais aussi sur les bienfaits du cacao et des produits à haute teneur en cacao en matière de santé et de nutrition.
  3. Les gouvernements des pays producteurs de cacao devraient encourager l’ajout de valeur par la promotion et le développement des sous-produits du cacao dans les pays producteurs de cacao afin de diversifier les revenus des petits cacaoculteurs et de faciliter leur intégration dans la chaîne de valeur.

Gouvernance, gestion et fonctionnement des marchés

  1. La collaboration entre tous les acteurs cacaoyers devrait être renforcée afin d’harmoniser les cadres de suivi et d’évaluation existants et de mieux évaluer les performances du
  2. Les gouvernements doivent collaborer pour établir un cadre juridique en matière d’environnement et de droits humains pour les entreprises, qui reconnaît l’interconnexion entre les aspects sociaux, environnementaux et économiques de la durabilité, et considère le revenu vital comme un facteur incitatif pour les pratiques durables dans la chaîne de valeur. Toutes les parties prenantes devraient reconnaître que la pauvreté est la cause première de pratiques non durables.
  3. Tous les gouvernements devraient collaborer pour mettre en œuvre efficacement une législation sur les produits liés à la déforestation. La coopération entre les gouvernements des pays consommateurs et les pays producteurs est essentielle pour lutter efficacement contre la déforestation, et les normes régionales sont des éléments essentiels pour atteindre les objectifs de zéro déforestation. Les mesures prises pour protéger l’environnement devraient favoriser l’accès au marché pour les produits durables.
  4. Toutes les parties prenantes devraient coordonner et accroître leurs efforts pour contribuer à l’élimination du travail des enfants et leur exploitation, tel que défini par l’Organisation internationale du travail (OIT), en reconnaissant le rôle joué à cet égard par un revenu vital des ménages et la nécessité d’établir des systèmes permettant d’identifier et d’éliminer le travail des enfants et le travail forcé.
  5. Toutes les parties prenantes devraient envisager les mesures nécessaires pour assurer la prévisibilité des prix du cacao de manière à bénéficier au secteur du cacao tout au long de la chaîne de valeur.
  6. Les gouvernements des pays producteurs devraient mettre en œuvre des politiques visant à coordonner l’offre de cacao pour maximiser les bénéfices économiques, environnementaux et sociaux des acteurs cacaoyers dans les pays producteurs.
  7. Tous les gouvernements devraient améliorer les mécanismes de formation des prix et l’accès des cacaoculteurs au crédit via la mise en place de bourses régionales pour le négoce du cacao.
  8. Tous les gouvernements devraient s’assurer que les cacaoculteurs ont accès aux informations nécessaires sur le marché et que leurs représentants participent au processus de prise de décision national et international dans le secteur. Cet engagement devrait permettre aux organisations de cacaoculteurs de participer à l’élaboration des règlementations, au dialogue social, aux négociations en matière de travail et aux droits des travailleurs, ainsi qu’aux discussions sur les bourses de produits de base, dans l’optique de renforcer leur pouvoir de négociation.
  9. Toutes les parties prenantes devraient accroître leur soutien à la recherche scientifique et au développement en faveur de la production et de la consommation durables. Les pays producteurs, avec l’appui des pays consommateurs, devraient traiter les problèmes liés aux ravageurs et maladies du cacao qui menacent la durabilité du secteur.
  10. Toutes les parties prenantes devraient œuvrer pour une répartition équitable des risques et des avantages tout au long de la chaîne de valeur en adoptant des pratiques d’achat qui compensent les cacaoculteurs au moyen de mécanismes garantissant un prix équitable, les protégeant des risques et assurant que les acteurs du marché sont tenus responsables de l’adhésion.
  11. Tous les gouvernements devraient fournir des services de renforcement des capacités et d’assistance technique et financière requis pour soutenir les systèmes visant à aider les petits cacaoculteurs dans l’adaptation aux nouvelles réglementations concernant le commerce ou d’autres questions. Les entreprises devraient continuer de soutenir ou de contribuer à ces
  12. Toutes les parties prenantes devraient soutenir la mise en place de systèmes de traçabilité intégrant les aspects économiques, environnementaux et sociaux, soumis à une vérification indépendante et contrôlés de façon régulière et transparente. Ces systèmes de traçabilité devraient être élaborés de telle sorte qu’ils contribueront à établir une plateforme de négociation plus équitable entre les acheteurs et les cacaoculteurs, renforçant ainsi leur position dans la chaîne de valeur.
  13. Les entreprises doivent garantir qu’en mettant en place la traçabilité de la chaîne de valeur, les organisations de producteurs détiennent l’accès et la propriété des données recueillies, surtout lorsque ces données concernent les cacaoculteurs en question.
  14. Le processus de suivi de l’Agenda mondial du cacao couvrira la tenue des nouveaux engagements pris dans la présente déclaration.